27 December 2010
Noël hystérique au pied des Cévennes
"Ce n'est pas grave asseyez-vous quand même, je la mets vite fait au four, le temps qu'on s'installe et qu'on serve le vin... Alors... je tiens à remercier Sylvie qui nous fait cadeau des noix de Saint-Jacques, qu'elle a préparées elle-même." Tête penchée et flattée de l'intéressée, exclamations reconnaissantes de la tablée. Les coquilles de Maman... Des noix sans corail, juste un peu de champignon, d'échalote et de crème -on n'est pas normands pour rien, et le vin même n'a plus d'importance.
L'assemblée épilogue sur les bienfaits du chlorure de magnésium. Isabelle en prend un verre à jeun chaque matin pour conjurer le rhume. "Il paraît que c'est efficace pour des tas de choses. Par exemple si on l'applique sur une brûlure, la douleur disparaît. Je ne comprends pas pourquoi ce remède n'est pas plus connu. Il faut dire que c'est infâme à boire, c'est comme de l'eau de mer additionnée de chlore. Bon quelqu'un n'a pas envie de se brûler par hasard, qu'on teste?"
En servant le gigot-flageolets, Olivier verse du jus de viande fumant dans le dos de Sylvie. Celle-ci pousse un cri et bondit, se précipite loin de la table tandis qu'Olivier la poursuit un torchon à la main en essayant de frotter sa robe. Sylvie halète de plus belle. "Ca brûle, ça brûle!" Olivier, l'air fâché : "Mais laisse-moi faire!" Sylvie, tragédienne: "Non ça brûle encore plus !" Olivier, franchement courroucé et les sourcils en V, ce qui est en réalité son expression faciale de tous les jours : "Mais je voulais juste t'aider !" La voix de Sylvie se brise. Animal blessé, elle s'isole à l'étage. Olivier : "M'enfin je voulais juste l'aider et elle se fâche !"
Isabelle : "T'excuser ç'aurait peut-être été suffisant. C'est toi qui te fâches sur elle alors que tu lui as fait mal. Bon, mission chlorure de magnésium. A tout à l'heure." Il semble que la solution qu'Isabelle boit tous les matins soit souveraine aussi sur la brûlure du jour. Sylvie troque sa tenue de fête dont elle était si fière, surtout les escarpins à nœud de strass au talon, contre un jean et un petit pull. Isabelle et Sylvie rejoignent la tablée sous une pluie de "alors, ça va?". Isabelle, méprisante : "C'est une brûlure. Une brûlure ça fait mal".
Quelques minutes plus tard Isabelle s'aperçoit que Sylvie et elle viennent de terminer leur assiette de gigot avant les autres, ce qui fait naître en elle un doute affreux : "Vous vous êtes resservis pendant qu'on était là-haut? Il n'y a déjà plus de flageolets !" Papa clôture le repas en se servant un grand verre d'eau, qu'il court recracher dans l'évier comme si c'était de l'essence. "Mais qu'est-ce que c'est que ça?! C'est abominable!". Il faut dire qu'Isabelle avait préparé son litre de solution de chlorure de magnésium dans une bouteille d'eau de source, sans en changer l'étiquette.
Sylvie se lève et se retourne deux orteils sur une chaise en métal. Nouvelle grimace de douleur. Olivier et Isabelle partent d'un fou rire en proposant à Sylvie de lui renverser des flageolets sur le pied.
La bûche maison, à la noix de coco, fourrée mousse au chocolat, était divine.
26 November 2010
En gestation
Loin de la foule qui grouille d’ennui
Je n’écoute plus les affairés
J’attends de faire jaillir
Le sperme de mes idées
Je préfère les rimes internes
Je m’éloigne parfois
Après avoir pêché un détail
Offert par un autre, compagnon innocent
Lui, elle, même un chien qui passe dans la poussière du levant,
A ce pouvoir
De rendre tout
Intéressant
07 October 2010
Socrate disait
Moi je dis
I know everything but I don't know it
04 October 2010
23 July 2010
La propreté c'est dégoûtant
Pourquoi n’a-t-elle pas essayé de travailler dans un fast-food ? On aurait fini par la reconnaître. Elle aurait pu insister pour obtenir une formation de réceptionniste. Aucun intérêt pour son livre. Elle aurait tout juste pu récolter des idées pour agrémenter les intrigues de quelque série télé. Et elle n’aurait pas exploré le monde tragique des hommes et femmes de ménage. Je n'aurais pas aimé être à sa place quand elle a dû annoncer à ses "anciennes collègues" qu'elle n'était pas débutante en propreté mais journaliste. La volonté de mettre à jour les réalités physiques et économiques vécues par ces travailleurs du bas de l’échelle, pour mieux les défendre certainement, a-t-elle pris le dessus sur l’inévitable sentiment de trahison ? Le soir de la révélation, dans les chaumières bernées, est-ce qu’on cherche à consolider sa position sur l’échelle ? « Si tu ne sais pas récurer, ma fille, tu termineras journaliste. Tu seras obligée de mentir aux gens pour gagner ton pain. ». Il me semble que la démarche de reporter est motivée par une psychanalyse personnelle irrésistible. Oui le rapport est accablant pour le système d'accompagnement des chômeurs peu qualifiés et pour la législation du travail qui autorise et même favorise la précarité. Mais ce que je vois aussi c'est Florence à qui sa mère avait interdit de tenir un balai "parce que c'est pour les hommes", ladite Florence qui remonte le courant de son histoire et vient constater par les faits qu'elle n'est vraiment pas douée pour le ménage. Tout de même, après cette lecture, en faisant abstraction du ressort dramatique, tristo-comique, tiré du décalage entre deux milieux, je me dis quelque chose d’important. Je me dis qu'il devrait y avoir un statut d'intermittent de la propreté.
08 June 2010
Et patati et patafisica
07 June 2010
26 May 2010
longs en bouche
07 April 2010
Que faire avant de revoir l'être aimé?
13 March 2010
Tout est dans l’énoncé
07 March 2010
D'après Pétrarque (en moins guerrier)
Où ne vont qu’en tremblant même les enjôleurs
J’avance dans le ravissement
Et le soleil d’amour m’offre son éclairage
Dans mon horoscope vaginal hier...
Et dans celui du jour : "Vous devriez voir la vie en rose au lieu de vous répéter : je n’ai rien à me mettre."
21 February 2010
20 February 2010
Chère Lizzy – Bruxelles online
Les rencontres virtuelles tu sais, c’est drôle parfois, c’est dégoûtant souvent, c’est comme être obligée de se frotter toute nue dans la foule à des tas de gens qui ne t’attirent pas. Parfois l’élu arrive, avec sa cape et son masque, et tu es certaine qu’il a mis sa cape et son masque pour te plaire et te divertir, en fait c’est toi qui les lui as collé dessus et le pauvre n’en peut rien. Les rencontres virtuelles sont injustes pour les gens non photogéniques parce que leurs photos ne seront pas flatteuses ; elles sont injustes pour les gens photogéniques parce que leur photos mèneront l’autre à la déception et les gens photogéniques à se tordre la cheville en tombant de leur piédestal. Cela dit dans ce que les gens non photogéniques et les gens photogéniques appellent la vraie vie, ça se saurait si on savait tout ; il n’y aurait pas de divorce et il n’y aurait même pas de mariages du tout! Que vivent les mirages donc ; ils prolongent l’état de grâce, la profilogénie, le génie tout court de l’autre que nous mourrons d’envie de lui attribuer.
Faussement désenchantément vôtre,
Lizzy
13 February 2010
Anti-mémoire
30 January 2010
And life goes on
Le petit fleuve qui s'enfuit
Liste de courses ou course de listes, le trivial se poursuit.
Il n'empêche, j'en ferai de la littérature, comme du reste.
Le style empire.
26 January 2010
22 January 2010
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