30 August 2009

Chère Lizzy - Vendôme

Chère Lizzy,
Je m’ennuie si tu savais. Pourtant un beau petit week-end, au charme suranné, comme une plongée en avant vers ce que pourrait être la fin de ma vie. Descente au sud de Paris vers Vendôme, chez l'oncle de Pierre. Tonton Jean, presque quatre-vingt ans, droit comme un i et en paraissant soixante-cinq, père de six enfants par trois femmes différentes et n'espérant plus de la vie que la visite de ses maîtresses -encore empressées. Pierre lui-même, plus tout jeune mais qui reste son "petit neveu"... Pierre a travaillé toute la nuit pour terminer la configuration de l'ordinateur de tonton qu'il était venu livrer. J'avais pourtant mis une jupe, des chaussures de femme et des bas transparents. Je me suis éclipsée à midi pour flâner dans la petite ville charmante, installée sur les bords d'une rivière. Au bout du chemin, le marché aux puces. Pas de puces là-dedans, tout était frotté, lessivé, étiqueté -cher. Je suis revenue avec trois livres et des macarons très vieille France trouvés à l'une des cinq pâtisseries. Vendôme, depuis mon enfance, c'est cette chanson : "Orléans, Beaugency, Notre Dame de Cléry, Vendôme, Vendôme, Quel chagrin, quel ennui, de compter toutes les nuits les heures, les heures..." D'ailleurs je suis passée devant le clocher au moment où il sonnait cette même mélodie en guise de carillon ! Dans les minutes qui ont suivi, j'entendais les gens siffloter le même air. Il faisait un soleil magnifique; je me suis arrêtée sur le pont pour observer un arbre "planté en 1759", mais suis vite repartie; les pêcheurs m’ayant prise pour un joli gardon. « Attention à ne pas tomber Madame ! » La petite maison de l'oncle est un bel exemple ce que j'imagine du bon goût rétro provincial. Elle a tout ce qu'il faut pour cela: un escalier grinçant au milieu du séjour, un minuscule balcon, une terrasse fleurie, un grenier aménagé, une vraie cuisine baignée de lumière qui donne sur la terrasse. Les repas préparés amoureusement par l'oncle ont achevé le tableau d'une France tranquille comme une rivière en été: carottes râpées, céleri rémoulade, moules frites, blanquette de veau, fromage blanc aux herbes, hareng saurs aux rattes et aux oignons crus, fromages affinés, chili (pour la note exotique) et des tuiles maison... J'ai pris deux kilos.

Je suis une châtelaine
Je suis une fille qui se déroule dans la boue
Je suis une vieille dame qui se gèle les fesses sur son banc de Pierre

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